Lorsque l' adolescente nocturne fut arrivée devant la cabane
dont la seule issue sur le dehors était une porte si exiguë
que seul un corps glorieux aurait pu se glisser dans son ouverture ,
elle entendit , dans le silence de l' aube , sangloter à l' intérieur
celui qui la pleurait comme on pleure les morts .
Et elle frappa à la porte et la voix demanda de l' intérieur :" Qui est à la porte ? "
Elle répondit : " c' est moi ..."
Alors il y eut un grand silence , et les arbres eux-mêmes cessèrent leur murmure
et ne laissèrent plus fuser les premières notes des oiseux chanteurs .
Mais la voix ne répondit pas de l' intérieur
et la porte exiguë ne s' ouvrit pas ...
Alors l' adolescente s' enveloppa du voile de la méditation ,
sans une plainte , sans un soupir ,
elle s' étendit à terre contre la porte .
la tête enfoncée dans le voile de la méditation ,
et elle mûrissait ainsi en son coeur la notion essentielle qui veut que
les privilégiés de l' Amour meurent d' abord complètement à eux-mêmes
avant de se présenter devant l' Amour .
C' est pourquoi , prête désormais à aborder la porte ,
elle se releva et alla d' abord s' abluer à la rivière ,
puis d' un pas assuré elle revint vers la cabane et heurta la porte .
Et la voix demanda de l' intérieur : "Qui est à la porte ..? "
Et l' adolescente , cette fois , répondit : " C'est toi . "
Et la porte s' ouvrit d' elle-même ...
Et le reste est le mystère des privilégiés de l' Amour .
Légende arabe